L’héritage de Pattabhi Jois dans l’Ashtanga yoga représente un pilier fondamental pour tous les pratiquants sérieux. Quand j’ai commencé à explorer cette discipline rigoureuse, j’ai rapidement compris que connaître ses maîtres était essentiel pour saisir la profondeur de cette pratique millénaire. En effet, l’Ashtanga tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existerait pas sans l’influence déterminante de plusieurs figures emblématiques qui ont façonné, préservé et transmis cet enseignement précieux.
Dans cet article, je vais vous présenter les grands maîtres qui ont marqué l’histoire de l’Ashtanga yoga, en commençant par Krishnamacharya, puis en explorant l’œuvre capitale de Pattabhi Jois jusqu’aux enseignants contemporains qui perpétuent cette tradition. Ainsi, nous verrons comment chacun a contribué à développer et diffuser cette méthode unique, tout en comprenant les liens qui unissent ces gardiens d’un savoir ancestral.
Krishnamacharya : le père spirituel de l’Ashtanga Yoga
Tirumalai Krishnamacharya représente une figure emblématique dont l’influence a dépassé toutes les frontières du yoga. Né en 1888 dans le sud de l’Inde, cet érudit brahmane est souvent considéré comme l’architecte du yoga moderne, particulièrement de ce qui deviendra plus tard l’Ashtanga yoga sous l’impulsion de son élève Pattabhi Jois.
Son rôle dans la renaissance du yoga moderne
Krishnamacharya a profondément marqué l’évolution du yoga au XXe siècle. Après avoir étudié pendant sept ans dans les montagnes de l’Himalaya auprès de son guru Ramamohan Brahmachari, il a entrepris une mission de revitalisation du yoga en Inde. Ce qui rend son approche unique, c’est sa capacité à fusionner l’ancienne sagesse des textes comme le Yoga Sutras de Patanjali avec une compréhension novatrice du corps humain.
J’ai toujours été fasciné par sa maxime : « Enseignez ce qui est approprié pour chaque individu. » Cette philosophie d’adaptation témoigne de sa vision révolutionnaire. En effet, Krishnamacharya a jeté les bases d’un yoga thérapeutique personnalisé tout en préservant les séquences dynamiques qui caractériseront plus tard l’Ashtanga.
Sa contribution majeure réside dans la systématisation des asanas (postures) en séquences fluides, reliées par le souffle. Cette approche, connue sous le nom de vinyasa krama, constitue aujourd’hui l’épine dorsale de l’Ashtanga yoga. Par ailleurs, son insistance sur l’intégration du pranayama (contrôle du souffle) et du bandha (verrouillages énergétiques) a défini les principes fondamentaux que Pattabhi Jois développera par la suite.
L’enseignement au palais de Mysore
En 1931, un tournant décisif s’opère lorsque le Maharaja de Mysore, Krishna Raja Wadiyar IV, invite Krishnamacharya à enseigner au palais. C’est dans cette école de yoga, la Yogashala, que naîtra véritablement l’Ashtanga yoga moderne.
Durant cette période, Krishnamacharya développe une méthode d’enseignement unique. Face aux jeunes garçons énergiques de l’école royale, il adapte les séquences pour créer un système dynamique et athlétique. Cette approche vigoureuse deviendra la marque distinctive de l’Ashtanga tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Au palais de Mysore, Krishnamacharya intègre également des éléments de gymnastique occidentale et de lutte indienne traditionnelle, créant ainsi une synthèse novatrice. J’ai compris en étudiant son travail que cette période constitue le creuset où se sont formés les six séries classiques de l’Ashtanga yoga que Pattabhi Jois codifiera ultérieurement.
Les démonstrations publiques organisées sous son égide ont également joué un rôle crucial dans la popularisation du yoga. Cependant, contrairement à l’image parfois simplifiée qu’on en donne, son enseignement ne se limitait pas aux aspects physiques, mais incluait toujours l’étude des textes sacrés et la philosophie yogique.
Ses élèves les plus influents
L’héritage le plus durable de Krishnamacharya réside sans doute dans ses élèves exceptionnels qui ont diffusé ses enseignements à travers le monde. Parmi eux, trois figures se distinguent particulièrement :
K. Pattabhi Jois, qui a étudié avec Krishnamacharya pendant près de 25 ans, a systématisé l’Ashtanga Vinyasa Yoga dans sa forme actuelle. C’est principalement à travers lui que l’approche dynamique développée au palais de Mysore s’est répandue internationalement.
B.K.S. Iyengar, beau-frère de Krishnamacharya, a créé sa propre méthode axée sur l’alignement précis et l’utilisation d’accessoires. Bien que différente de l’Ashtanga, elle partage les mêmes racines philosophiques.
Indra Devi, première femme occidentale acceptée comme élève par Krishnamacharya, a joué un rôle pionnier en introduisant le yoga en Amérique et en Russie.
À travers ces trois disciples et d’autres, dont son propre fils T.K.V. Desikachar, l’influence de Krishnamacharya s’est ramifiée en différentes branches du yoga moderne, tout en conservant l’essence de son enseignement holistique.
Pattabhi Jois : le fondateur de l’Ashtanga Vinyasa Yoga
Sri K. Pattabhi Jois a marqué l’histoire du yoga moderne en tant que principal architecte de ce que nous pratiquons aujourd’hui sous le nom d’Ashtanga Vinyasa Yoga. Son parcours singulier illustre comment une tradition ancestrale s’est transformée en une pratique mondiale, non sans susciter à la fois admiration et controverse.
Sa rencontre avec Krishnamacharya
C’est à l’âge de 12 ans seulement, en 1927, que le jeune Pattabhi Jois assiste à une démonstration de yoga qui changera sa vie. Fasciné par la prestation de Krishnamacharya à Hassan, il décide immédiatement de devenir son élève. Cette rencontre décisive marque le début d’une relation d’apprentissage qui durera plus de deux décennies.
Pendant ses années de formation, Jois absorbe les enseignements rigoureux de son maître. En 1937, Krishnamacharya l’encourage à s’installer à Mysore pour enseigner au Sanskrit College où il occupera le poste de professeur de yoga jusqu’en 1973. Contrairement à d’autres disciples qui ont développé leurs propres méthodes, Pattabhi Jois reste remarquablement fidèle aux séquences dynamiques apprises auprès de Krishnamacharya au palais de Mysore.
Par ailleurs, il approfondit sa connaissance des textes sacrés, notamment le Yoga Korunta, manuscrit ancien qu’il cite souvent comme source originelle des séquences d’Ashtanga. Bien que l’existence même de ce texte reste sujette à débat parmi les historiens du yoga, cette référence témoigne de son attachement à ancrer sa pratique dans une tradition millénaire.
Création de l’Ashtanga Yoga Research Institute
En 1948, Pattabhi Jois franchit une étape cruciale en fondant l’Ashtanga Yoga Research Institute dans sa modeste maison de Lakshmipuram à Mysore. Cet institut, d’abord connu sous le nom de « Yoga Shala », devient le laboratoire où il affine et codifie la méthode d’Ashtanga en six séries progressives.
Son approche distinctive repose sur plusieurs principes fondamentaux :
- Le système de vinyasa reliant chaque posture par le mouvement et la respiration
- L’importance du tristhana (trois points d’attention) : posture, respiration et point de regard
- La méthode d’ajustements manuels pour corriger et approfondir les postures
- La pratique quotidienne et disciplinée (six jours par semaine)
Durant cette période, l’enseignement reste relativement confidentiel, attirant principalement des étudiants locaux. Toutefois, les bases sont posées pour ce qui deviendra plus tard un phénomène mondial.
Diffusion de l’Ashtanga en Occident
Le tournant international survient en 1964, lorsque le Belge André Van Lysebeth séjourne à Mysore et devient l’un des premiers Occidentaux à étudier avec Jois. À son retour en Europe, il publie des ouvrages mentionnant son maître indien, attirant ainsi l’attention des pratiquants occidentaux.
Cependant, c’est véritablement dans les années 1970 que l’Ashtanga prend son essor mondial. En 1973, Pattabhi Jois effectue sa première tournée d’enseignement aux États-Unis, invité par des étudiants américains fascinés par sa méthode. Cette visite, suivie de nombreuses autres, contribue à établir une communauté internationale fidèle et dévouée.
Les années 1980 et 1990 voient une croissance exponentielle de la popularité de l’Ashtanga. Des célébrités comme Sting et Madonna deviennent des adeptes, contribuant à médiatiser cette pratique exigeante. En parallèle, l’institut de Mysore (rebaptisé plus tard Krishna Pattabhi Jois Ashtanga Yoga Institute) attire des yogis du monde entier, transformant la petite ville indienne en un lieu de pèlerinage pour les pratiquants.
Controverses et réévaluation posthume
Malgré son influence considérable, l’héritage de Pattabhi Jois n’est pas exempt d’ombres. Après son décès en 2009, des témoignages concernant des ajustements inappropriés et des comportements problématiques ont émergé. Plusieurs femmes ont partagé des expériences d’attouchements non consentis sous couvert d’ajustements pédagogiques.
Face à ces révélations, la communauté de l’Ashtanga traverse une période difficile d’introspection et de remise en question. Des figures importantes, y compris son petit-fils Sharath Jois, ont reconnu ces problèmes et présenté des excuses publiques, tout en œuvrant pour une pratique plus éthique et respectueuse.
Cette réévaluation s’accompagne d’une évolution des méthodes d’enseignement. De nombreux professeurs contemporains préservent l’essence de la méthode tout en adaptant l’approche des ajustements et en accordant plus d’importance au consentement et à l’autonomie des élèves.
Malgré ces controverses, la contribution de Pattabhi Jois au yoga moderne demeure incontestable. Sa systématisation de l’Ashtanga Vinyasa et sa dévotion à la transmission de cette méthode ont profondément influencé la façon dont le yoga est pratiqué aujourd’hui dans le monde entier.
Sharath Jois : le gardien de la tradition
Né en 1971 à Mysore, R. Sharath Jois incarne la continuité d’une tradition yogique transmise de génération en génération. Petit-fils de Pattabhi Jois, il est devenu la figure centrale de l’Ashtanga yoga contemporain, assumant la lourde responsabilité de préserver l’authenticité de cette pratique tout en l’adaptant aux défis du monde moderne.
Formation auprès de son grand-père
Sharath a connu un parcours atypique vers le yoga. Enfant fragile souffrant de fièvre rhumatismale et d’infections fréquentes, il découvre les asanas vers l’âge de sept ans de façon informelle. Néanmoins, ce n’est qu’à 14 ans qu’il commence à s’y intéresser sérieusement. « C’est étonnant qu’un si petit effort m’ait aidé à surmonter la maladie et la faiblesse qui s’étaient emparées de mon corps, » confiera-t-il plus tard.
À 19 ans, il entame une formation rigoureuse auprès de son grand-père, tout en poursuivant des études d’électronique. Cette période déterminante lui permet d’assimiler non seulement la dimension physique mais aussi théorique du yoga. Sharath passe alors d’innombrables heures à observer son aïeul enseigner, à travailler avec des élèves aux morphologies diverses et à développer une compréhension profonde des ajustements individuels.
En outre, cette transmission directe lui confère une légitimité unique comme dépositaire de la tradition de l’Ashtanga Vinyasa. « J’avais le temps, la passion, le meilleur professeur d’Ashtanga, et pourtant je trouvais cela très difficile, » admettra-t-il avec humilité.
Rôle actuel au KPJAYI
En 2007, Sharath prend officiellement la direction du Krishna Pattabhi Jois Ashtanga Yoga Institute (KPJAYI) à Mysore, devenant ainsi le visage d’une pratique suivie par des milliers d’adeptes dans le monde entier. Son quotidien témoigne d’un dévouement extraordinaire : lever à 1h du matin pour sa pratique personnelle, enseignement continu de 3h30 à 11h30, accueillant jusqu’à 400 élèves venus de plus de 70 pays.
Par ailleurs, il maintient la tradition des conférences hebdomadaires initiée par son grand-père, abordant les aspects théoriques et pratiques du yoga. Sharath insiste particulièrement sur les « quatre D » essentiels à une pratique fructueuse : dévotion, détermination, discipline et dévouement.
Sous sa direction, l’institut est devenu un lieu de pèlerinage incontournable pour les pratiquants d’Ashtanga, contribuant significativement à l’économie locale de Mysore. Cependant, contrairement à certaines tendances commerciales, il reste critique envers les formations express d’enseignants, affirmant qu’il faut « trois à cinq ans de pratique dédiée » pour devenir un professeur compétent.
Réformes et reconnaissance des abus passés
En 2019, Sharath fait face à une période difficile lorsqu’il reconnaît publiquement les comportements inappropriés de son grand-père. « Cela me cause une immense douleur d’avoir aussi été témoin de ses ajustements inappropriés, » déclare-t-il dans un message adressé à la communauté.
Cette reconnaissance marque un tournant dans l’histoire de l’Ashtanga yoga. Sharath affirme désormais la nécessité d’une « tolérance zéro envers les abus, les mauvaises manipulations ou les attouchements inappropriés des élèves. » Il encourage les enseignants à « respecter les élèves en tout temps » et appelle à une gouvernance collective des enseignements pour prévenir de futurs abus.
Ainsi, tout en préservant l’essence de la méthode transmise par son grand-père, Sharath œuvre à créer un environnement plus sûr et plus éthique pour la pratique de l’Ashtanga yoga, démontrant que la véritable gardien d’une tradition sait l’adapter aux exigences de son époque.
Saraswathi et Manju Jois : les enfants de la transmission
Parmi les porteurs de la flamme de l’Ashtanga yoga, les enfants de Pattabhi Jois occupent une place particulière. Saraswathi et Manju Jois, fille et fils du maître, incarnent deux branches distinctes mais complémentaires de cet héritage familial unique.
Leur parcours personnel
Saraswathi, née en 1941, a grandi dans l’univers du yoga. Dès l’âge de 10 ans, elle commence son apprentissage formel sous la guidance de son père. Son parcours est remarquable : elle devient la première femme admise au prestigieux Sanskrit College de Mysore, où elle étudie les textes sacrés et approfondit sa connaissance du yoga.
À 22 ans, sa vie prend un tournant lorsque sa mère tombe malade. Saraswathi assume alors toutes les responsabilités familiales tout en continuant à développer sa pratique. Elle donne naissance à deux enfants : Shammi en 1969 et Sharath en 1971, qui deviendra plus tard le successeur direct de Pattabhi Jois.
Manju, né en 1944, est l’aîné des enfants. Son initiation au yoga commence encore plus tôt, à l’âge de 7 ans, réveillé chaque matin par son père pour pratiquer. À seulement 15 ans, il commence déjà à enseigner aux côtés de Pattabhi Jois, marquant le début d’une longue carrière d’enseignant.
Leur rôle dans la diffusion mondiale
Après avoir assisté son père au shala de Lakshmipuram de 1971 à 1975, Saraswathi commence à enseigner aux femmes indiennes locales au temple Balaji de V.V. Mohalla. Initialement peu valorisée dans ce rôle, elle ne recevait que vingt-cinq roupies par mois, traitée « comme les nettoyeurs des temples ». En 1984, elle franchit une étape importante en enseignant à des groupes mixtes dans sa propre maison à Gokulam.
Par ailleurs, Manju a joué un rôle crucial dans l’expansion internationale de l’Ashtanga. Il voyage intensivement à travers le monde pour diffuser cette méthode, offrant des ateliers de week-end, des formations d’enseignants et des cours intensifs. Ainsi, les deux enfants de Pattabhi Jois ont contribué à faire connaître l’Ashtanga bien au-delà des frontières indiennes.
Leur style d’enseignement
Ce qui distingue particulièrement ces deux enseignants, c’est leur approche personnelle de la tradition. Saraswathi est reconnue pour avoir rendu l’Ashtanga traditionnel accessible à des étudiants de tous horizons. Après le déménagement de l’institut de son père à Gokulam en 2002, elle retrouve sa place d’enseignante à ses côtés.
Quant à Manju, son style se caractérise par l’intégration du pranayama et des chants védiques dans ses cours, apportant une dimension spirituelle supplémentaire à la pratique physique. Son intention est d’enseigner « selon la tradition ancienne » tout en aidant ses élèves à développer « une meilleure concentration et compréhension » de l’Ashtanga yoga.
Bien que leurs méthodes diffèrent, tous deux partagent un profond respect pour l’héritage transmis par leur père. Cependant, Manju est souvent décrit comme plus inclusif et accessible, adaptant la pratique aux besoins individuels, tandis que Saraswathi reste fidèle à l’approche structurée traditionnelle, continuant d’accueillir des centaines d’élèves chaque année à Mysore.
Les figures contemporaines de l’Ashtanga Yoga
Au-delà du cercle familial des Jois, plusieurs enseignants remarquables ont contribué à l’expansion mondiale de l’Ashtanga yoga, chacun apportant sa couleur unique tout en préservant l’essence des enseignements de Pattabhi Jois.
Kino MacGregor
Figure incontournable de l’Ashtanga contemporain, Kino MacGregor a commencé sa pratique en 1999. Cette Américaine devient à 29 ans l’une des plus jeunes personnes certifiées par Pattabhi Jois. Son approche se distingue par sa volonté de démocratiser cette discipline exigeante. Grâce à ses livres, vidéos et sa présence sur les réseaux sociaux, elle rend l’Ashtanga accessible à un public diversifié. Par ailleurs, sa plateforme Omstars touche des milliers de pratiquants à travers le monde.
Petri Räisänen
Originaire de Finlande, Petri Räisänen a étudié directement auprès de Pattabhi Jois depuis 1989. Directeur de l’Ashtanga Yoga School of Helsinki, il est reconnu pour son expertise des ajustements et sa connaissance approfondie du yoga thérapeutique. En effet, ses ouvrages sur les séries primaire et intermédiaire font référence parmi les pratiquants sérieux.
David Swenson
David Swenson a découvert l’Ashtanga dès 1973 et étudié avec Pattabhi Jois lors de son premier voyage aux États-Unis. Son manuel « Ashtanga Yoga: The Practice Manual » est devenu un classique, traduisant sa capacité à rendre la pratique accessible aux débutants comme aux avancés. Son approche bienveillante et son humour caractéristique ont conquis des générations d’élèves.
Tim Miller
Premier Américain certifié par Pattabhi Jois en 1982, Tim Miller a joué un rôle pionnier dans l’implantation de l’Ashtanga aux États-Unis. Fondateur de l’Ashtanga Yoga Center en Californie, il combine rigueur traditionnelle et adaptabilité. Son enseignement s’enrichit également d’influences issues du chamanisme et des traditions amérindiennes.
Eddie Stern
Basé à New York, Eddie Stern a étudié pendant 18 ans avec Pattabhi Jois. Au-delà de l’enseignement traditionnel, il se distingue par ses collaborations avec le milieu scientifique pour documenter les effets du yoga sur la santé. Ainsi, son travail de pont entre tradition ancestrale et recherche contemporaine ouvre de nouvelles perspectives pour l’Ashtanga du XXIe siècle.
En guise de conclusion
Au terme de ce voyage à travers l’histoire de l’Ashtanga yoga, nous avons parcouru ensemble le chemin tracé par ses grands maîtres. Sans aucun doute, la compréhension de cette lignée enrichit considérablement notre pratique quotidienne sur le tapis.
Tout a commencé avec Krishnamacharya, véritable architecte du yoga moderne, qui a posé les fondations de cette méthode rigoureuse au palais de Mysore. Ensuite, Pattabhi Jois a codifié et structuré ces enseignements pour créer l’Ashtanga Vinyasa tel que nous le pratiquons aujourd’hui. Son dévouement a transformé une tradition locale en phénomène mondial, malgré les zones d’ombre qui ont émergé après son décès.
La troisième génération, représentée par Sharath Jois, joue désormais un rôle essentiel dans l’évolution éthique de cette pratique. Parallèlement, Saraswathi et Manju apportent leurs couleurs distinctes à cet héritage familial. Ces gardiens de la tradition incarnent chacun une facette différente mais complémentaire de l’Ashtanga.
Les figures contemporaines comme Kino MacGregor, Petri Räisänen ou Eddie Stern ont, quant à elles, démocratisé et adapté ces enseignements pour les rendre accessibles à un public mondial diversifié, tout en préservant leur essence.
Cette transmission ininterrompue constitue finalement la véritable force de l’Ashtanga yoga. Chaque maître mentionné précédemment a contribué à façonner une méthode qui équilibre parfaitement tradition ancestrale et pertinence contemporaine. Pour cette raison, connaître ces piliers de l’Ashtanga ne relève pas simplement de la curiosité historique – cela nous connecte directement à la source vivante de notre pratique.
Lorsque je déroule mon tapis aujourd’hui, je ressens profondément cette lignée qui m’accompagne. Cette conscience transforme chaque salutation au soleil en un acte qui transcende le simple exercice physique. Ainsi, l’étude des maîtres de l’Ashtanga nous rappelle que nous participons tous à une tradition dynamique, en constante évolution, mais fermement ancrée dans une sagesse millénaire.